lundi 25 avril 2022

Le 25 Avril au Portugal est un anniversaire historique : A Revolução dos Cravos

C'est le 48ème anniversaire de la "Révolution des 
Œillets", du 25 Avril 1974. Ces événements d'avril 1974 avaient entraîné la chute de la dictature salazariste qui dominait le Portugal depuis 1933. Elle doit son nom à l'œillet rouge que les conjurés portaient à leur boutonnière et dans le canon de leur fusil en signe de ralliement.

Le 25 Avril 1974, la station catholique Rádio Renascença (Radio Renaissance) diffusa cette chanson de José Afonso. Ce fut le signal de départ de la « Révolution des Oeillets » : aussitôt, de jeunes capitaines se soulevèrent contre la dictature instaurée par Salazar, 48 ans plus tôt.

Ce coup d'État, massivement soutenu par le peuple portugais a débouché
sur une révolution qui a duré deux ans, marquée par de profondes divisions sur la façon de refonder le Portugal, mais qui, finalement, a profondément changé le visage de celui-ci.

La révolution des Œillets a la particularité de voir des militaires, porteurs d'un projet démocratique (mise en place d'un gouvernement civil, organisation d'élections libres et décolonisation), renverser un régime, sans pour autant instaurer un régime autoritaire.

Cet événement est le début de la démocratisation du Sud de l'Europe, celui-ci étant suivi par la chute des dictatures espagnole et grecque.

Célébration du 50ème anniversaire du 25 avril dès cette année : Par anticipation, le gouvernement a décidé de commencer à célébrer le 50ème anniversaire du 25 avril (qui aurait eu lieu en 2024) dès cette année. En effet, le 24 mars 2022 était la date à laquelle la République dépassait en durée la dictature. Selon le gouvernement il est important de célébrer cet évènement dès cette année, car la date du 24 mars 2022 est un symbole objectif de la victoire de la démocratie sur la dictature. Marcelo Rebelo de Sousa, le Président de la République du Portugal a déclaré que cette célébration devait s'orienter vers le « présent et l'avenir ».

Pour célébrer cet anniversaire, les hauts lieux de la politique portugaise seront ouverts au public pendant la journée du 25 avril prochain : le peuple est placé au centre du pouvoir. Le palais de São Bento, qui abrite l'Assemblée de la République ainsi que la résidence du Premier ministre António Costa, ouvriront gratuitement leurs portes à 15 heures pour des visites. Des activités culturelles seront proposées dès 14h30 dans les jardins du palais de São Bento, par exemple différents concerts auront lieu tout au long de l'après-midi et la fête trouvera sa conclusion lors d'une représentation du chanteur populaire Dino d'Santiago.

Retour sur l'histoire :

À la fin des années 1950, le Portugal figure à la traîne de l'Europe occidentale pour le développement économique en raison d'une gestion excessivement prudente des dépenses publiques par le docteur Salazar. Le pays se voit contester sa souveraineté sur les derniers vestiges de son empire colonial, en Afrique et en Asie.

Aux Indes, les possessions portugaises de Goa Damão et Diu sont annexées de force par l'Union indienne en 1961. La même année, en Angola, vaste colonie d'Afrique australe, les indigènes entament leur combat pour l'indépendance. D'autres soulèvements apparaissent en Guinée et au Mozambique, autres colonies africaines. Des soldats de plus en plus nombreux sont envoyés outre-mer pour les réprimer.

Pour le Portugal, à peine peuplé de neuf millions d'habitants, le « maintien de l'ordre » en Afrique devient une charge de plus en plus pesante. Jusqu'à 35% du budget national. 800.000 hommes y participent dans les années 1960 et 8.000 y trouvent la mort. Beaucoup de jeunes hommes émigrent clandestinement en vue d'échapper aux quatre années de service militaire et d'obtenir à l'étranger, en France surtout, de meilleures conditions de vie.

Marcelo Caetano succède à Salazar à la présidence du Conseil le 28 septembre 1968. Il ébauche une ouverture politique. Mais l'opposition parlementaire manque de consistance. C'est finalement de l'armée que viendra la révolte contre la dictature et la guerre outre-mer.

Ce coup d'État du 25 avril 1974 est l'oeuvre de jeunes capitaines comme Otelo Saraiva de Carvalho ou Ramalho Eanes. Il réussit grâce à l'effet surprise des capitaines du MFA (Mouvement des Forces Armées) qui ont immédiatement pris possession des moyens de communication et obtenu le soutien actif de la population.

Les généraux António de Spínola et Costa Gomes lui apportent après coup leur concours mais ces généraux à l'ancienne, partisans d'une émancipation progressive de l'empire colonial, seront vite dépassés par les événements.

Une vendeuse de fleurs du Rossio, la grande avenue de Lisbonne, offre
aux soldats les fleurs de saison qu'elle a à vendre : les fameux oeillets rouges ! 

Le lendemain, le journal parisien Le Monde sort en première page : « La Révolution des Oeillets triomphe au Portugal ! »

Ce triomphe se produit en quelques heures et sans presque aucune effusion de sang. Si la redoutable police, la PIDE, n'a pas craint d'ouvrir le feu sur la population, faisant quatre morts et 45 blessés, le MFA, lui, n'a pas tiré un seul coup de fusil. Au bout des canons et au bout des fusils, un oeillet rouge !

Le Conseil de la Révolution du MFA, dominé par une majorité d'extrême-gauche, fut dissous après qu'il eut tenté un nouveau coup d'État, le 25 novembre 1975. Les officiers modérés et les partis démocratiques reprennent ensuite l'initiative.

Une nouvelle Constitution, d'orientation sociale et démocratique, vit le jour le 2 avril 1976 et les élections législatives du 25 avril suivant consacrèrent le triomphe de la démocratie parlementaire. Mais la situation politique, économique et sociale du pays ne se normalisera vraiment qu'avec l'entrée du Portugal dans l'Union européenne en 1986.

Ensuite vint la démocratie :

Pendant les mois qui suivirent, Lisbonne bouillonnait d'effervescence révolutionnaire. On refaisait le monde dans les bars de la capitale. On multipliait les occupations d'usine. On proclamait l'autogestion de certains quartiers. Les progressistes du monde occidental n'ont d'yeux que pour ce pays, si négligé précédemment. Le reste du Portugal, néanmoins, se tenait dans l'expectative, plus ou moins indifférent à toute cette agitation dans la capitale.

Un gouvernement provisoire se met en place le 15 mai avec à sa tête le général Spinola, président de la République. Il rétablit les libertés et nationalise les secteurs-clé de l'économie. Le leader socialiste Mario Soares, ministre des Affaires étrangères, ouvre immédiatement des négociations avec les mouvements indépendantistes des colonies.

C'est dans la précipitation que celles-ci deviennent des États souverains : Guinée-Bissau en 1974, Angola, Mozambique, Cap Vert et Saint Thomas et Prince en 1975. Macao est un peu plus tard rendu à la Chine populaire. Timor-Est, sitôt évacué par les Portugais, est envahi par les Indonésiens.

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